
02. mars 2043

Face aux Overfallsbataljoner (trad. Bataillons d’assaut), réunis en masse pour assister à une prise de parole du Kommandør – il s’agit d’un événement traditionnel en début d’année – il en a profité pour haranguer les troupes de la nouvelle armée que se constitue le Jernland et les exhorter à poursuivre leur œuvre civilisationnelle pour permettre l’essor du Grand Jernland, enfin rétabli dans sa puissance et sa gloire en Skadinavie. Aux ennemis du peuple norrois, il a adressé également plusieurs avertissements, leur rappelant que dorénavant, le Jernland ne se laissera plus intimider ou menacer. Que ce soit à l’extérieur des frontières ou qu’ils se terrent au milieu de la communauté populaire,
Le Jernland ne peut se permettre d’ennemis de l’intérieur
Le dernier article de Westrait News a de quoi interroger. Si la cynisme y transparaît évidemment et que l’ironie semble maniée habilement pour dénoncer de supposés mensonges sur les atrocités de l’idéologie marxiste et de son application, force est tout de même de constater que derrière cette tentative se cache bien la volonté de la rédaction – en réalité, tout le monde le sait déjà, la main du commissariat du peuple à la culture, mais plus encore la puissante commission chargée de la propagande tient la plume – de détourner l’attention de l’opinion publique internationale des crimes du marxisme. « Rééducation par le travail, rectification… Autant de mots fumeux pour parler d’élimination d’opposants politiques, de déviants et d’individus, au sein ou à l’extérieur de l’appareil d’Etat communiste » souligne Anders Folstad, philosophe et théoricien politique jernlander. Cependant, il ne faut pas voir dans ces propos nécessairement une critique de la démarche du Westrait, ou même du Gandhari de vouloir se débarrasser de trublions qui ralentissent ou empêchent la réalisation des volontés politiques ; « Il est davantage regrettable en revanche que le Westrait semble aussi préoccupé de l’image que peut renvoyer le marxisme. Un article par ci ou par là, aussi bien écrit et iranoiuque soient-ils, ne feront pas dévier ses détracteurs de leur opinion ». C’est d’ailleurs sur cette base que le Kommandør a redit que le Jernland n’avait que faire des jérémiades et des protestations de ceux qui, en dehors de ses frontières, cherchent à le discréditer, à lui nuire. « Leur ambition est d’abattre ce que patiemment nous construisons depuis des années, d’empêcher que le Jernland ne revendique son dû, ce qui lui revient de droit, en Skadinavie, et en Dytolie » a clamé le Kommandør.
Kristoffer Østgård, ministre des relations extérieures
Derrière l’implacable traque que livre la Sikkerhetspoliti (trad. Police de sécurité), soutenue par la Krimineltpoliti (trad. Police criminelle) et la sévérité de la Statens sikkerhets domstoler (ndlr. Cour de sûreté de l'Etat), le Kommandør l’a rappelé, il y a la volonté d’éliminer systématiquement tous les opposants qui, au sein des frontières jernlanders, l’affaiblissent et ralentissent l’accomplissement de la destinée du Jernland. « Nous devons écarter tous les ennemis de l’intérieur pour pouvoir nous concentrer sur le front extérieur, où les adversaires de la communauté populaire se massent déjà, attendant le premier signe de faiblesse pour fondre sur nous, tels des charognards viennent dépecer une carcasse » a souligné le Kommandør, avant de rappeler aux Overfallsbataljoner qu’elles sont « le fer de lance de la révolution nationale et de le bouclier de la communauté populaire, l’armée d’élite du peuple, épuré de ses éléments subversifs et nuisibles ». Après de longues minutes où il a été célébré par les troupes, le Kommandør a aussi redit ne pas comprendre pourquoi le Westrait passe son temps à s’excuser pour les millions de morts qu’a provoqué le marxisme. « Il les a fait. Et alors ? Devrons-nous, nous aussi, nous excuser pour avoir pris toutes les mesures nécessaires à la préservation de notre race, de la communauté populaire, de notre pays ? », obtenant en guise de réponse plusieurs négations. Se concluant par de nouveaux saluts au Kommandør au cri de « Hei Kommandør », ce grand rassemblement, le premier du genre depuis le début de la remise au pas de la société et de tout le pays, avec l’exaltation de la communauté populaire, fait figure d’échauffement avant les célébrations de la fête nationale en juin.
Une amitié jernlando-gandharienne célébrée par le jumelage des capitales
La violente charge contre « la culture de l’excuse » telle qu’elle est pratiquée par le Westrait et plus généralement par les marxistes, est toutefois intervenue dans un contexte de grand rapprochement avec le Gandhari. Cette politique amicale a d’ailleurs trouvé encore récemment son point d’orgue dans la conclusion d’un jumelage entre Røros, capitale de la Dytolie, et Bunaghar, cœur battant de la Janubie. Le Kommandør, représenté par le gouverneur militaire de Røros, n’a pas manqué de se réjouir devant les Overfallsbataljoner de « ce pas supplémentaire franchi dans la construction d’une relation spéciale entre les deux grandes puissances mondiales de demain ». Appelé à diriger, ensemble, le monde – le Jernland pour l’occident et le Gandhari en Orient comme le fit jadis l’empire italique dytolien – les deux pays ont démontré la force aussi bien de leur système que de leur parfaite compréhension. « Que ce soit le Jernland ou le Gandhari, personne n’a vocation à leur dicter l’attitude qui doit être la leur quand il s’agit de régler ses affaires intérieures. A tous ceux qui estiment devoir jouer aux pères la morale, je le dis que notre seule réponse sera toujours ’Et alors ? Prenez garde à ne pas vous frotter au loup norrois ou à son allié janubien’ ». Une manière de balayer d’un revers de bras toute critique. Ce jumelage intervient d’ailleurs au moment ou à travers le monde, certains veulent voir au Westrait le cœur de la révolution mondiale. Pour Claes Borre, philosophe jernlander, « c’est une grave erreur de croire cela, quand bien même d’un point de vue de la doctrine, c’est bien à Cewell que se construit le marxisme », c’est bien depuis Bunaghar qu’il se pilote et que sont les forces vives.
Anders Folstad, philosophe et théoricien politique
Après une place du Kommandør Magnuss Løvenskiold à Bunaghar, ce jumelage marque une nouvelle étape sur le chemin de la construction d‘un axe géostratégique basé sur le pragmatisme et la volonté mutuelle de privilégier la coexistence et la coopération à l’affrontement et à la destruction. D’autant que le Gandhari pourrait bien être l’invité d’honneur lors des importantes cérémonies qui sont prévues pour la fête nationale jernlander. « La célébration du Jour du Jernland permettra de consolider encore l’alliance objective qui se constitue et de démontrer au monde l’amitié qui nous lie au Gandhari, amitié rationnelle et basée sur l’intérêt mutuel que nous avons de ne pas aller à l’affrontement » assure Kristoffer Østgård, le ministre des relations extérieures. A cette occasion, le Gandhari pourrait également être convié, en marge de ces célébrations, à l’inauguration de la statue du Kommandør en cours de construction à Røros. Cette œuvre monumentale s’inscrit dans le projet urbanistique arrêté pour faire de la capitale du Jernland une ville à la hauteur du rang qu’est appelé à occuper le pays en Dytolie, mais également dans le monde. « Il faut bien reconnaître aux marxistes une capacité à utiliser l’art, notamment sculptural, pour faire l’éloge de leur réalisation ou de leur idéologie. Le Jernland ne se privera pas de cet outil au service de l’éducation du peuple, des masses, de la communauté populaire » promet d’ailleurs le ministre de la planification.