Seh-rang Beyragh
7 juin 2043
Les puissances militaires en mars 2043 (3)
DEMAIN : QUELLES GRANDES PUISSANCES ?

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En orange, valeur-référence de PIB (PIB / 3 Mds).
En vert, population en millions d'habitants (Pop. / 1 M).
En noir, PPM (points de puissance militaire à l'unité).
L'indice 100, au-delà duquel le pays frôle, atteint ou dépasse le double de la moyenne mondiale en PIB, en population et le triple de la moyenne en PPM.
Sur ce graphique, qui mesure la puissance « brute » (hardpower), en mettant de côté les pays en net déclin (Valdaquie et Commonwealth), on peut distinguer un groupe de tête, combinant une démographie suffisante, une économie solide et une armée redoutable : par ordre croissant, le Kars, le Jernland, le Gandhari, le Kaiyuan et le Karmalistan. Mais ce classement à partir d'un simple graphique est un trompe l’œil.
Le Karmalistan, « leader » sur papier (combine armée, population et PIB), est profondément divisé à l'intérieur, perpétuellement déchiré par des luttes intestines, un gouffre politique et social dont la reine elle-même semble incapable de s'échapper. Qui plus est, son statut de leader de la LIM fut arraché par le Kars à partir de l'été 2041, qui, tel un cheval de Troie, lui a retiré toute raison d'être. Karagol se retrouve ainsi isolé, toujours dépourvu de capacité sérieuse de projection, lui rappelant les heures sombres de 2036...
Le Kaiyuan est une candidature nettement plus crédible au grade de première puissance mondiale : un géant démographique et économique, stable à l'intérieur, pourvue d'une reconnaissance et d'une aura diplomatiques incontestées, probablement la première du Monde, avec l'OCC comme organisation de projection géopolitique fiable. Mais la puissance militaire, tant celle du Kaiyuan (nain aéronaval) que celle du reste de l'OCC, demeure très insuffisante, cela au point d'être sous la menace (tout à fait crédible) du seul archipel wa !
Le Gandhari se retrouve dans la même situation que le Kaiyuan (très relatif nain militaire), mais son instabilité et donc, par conséquent, son manque de crédibilité sur la scène internationale, l'empêche de candidater, malgré une croissance économique fulgurante.
Ne restent alors que les deux derniers de ce classement « brut » : le Kars et le Jernland. Deux puissances militaro-économiques, en pleine course technologique, devenus d'irréductibles alliés à la tête d'une nouvelle alliance idéologique et géopolitique mondiale, construite face à la « menace communiste »... et apparemment aussi, karmale.
Il convient de revoir ce classement des puissances en comptant cette fois tous les facteurs nécessaires : richesse produite, niveau de savoir-faire, puissance des forces armées, réseau de diplomatie, capacité de projection, influence culturelle ou idéologique et enfin capacités stratégiques offensive et défensive.

Le dipomate et écrivain flave Herbert Villerine, à l'origine du néologisme d'hyperpuissance remontant à la Grande Hégémonie
Rappelons ainsi, les sept+un facteurs nécessaires pour obtenir le statut d'hyperpuissance (niveau maximal) :
1_ dominer l'économie mondiale par son PIB et sa monnaie
2_ être à l'avant-garde du progrès technique
3_ posséder de loin la première force armée conventionnelle du monde
4_ entretenir une influence diplomatique mondiale avec un réseau d'alliances fidèles et des dédoublements de frontières
5_ disposer d'une capacité de projection mondiale via une flotte de guerre inégalée et un réseau de bases ou facilités militaires à l'étranger
6_ répandre sa culture et son idéologie à travers le monde au point de devenir un rêve/modèle (ou cauchemar !?) pour tous les peuples
7_ détenir un arsenal nucléaire (ou d'ADM) suffisant pour qu'en dépende l'équilibre de la Terreur, ou bien l'exercer en solitaire
8_ plus le "point Joker" -mais si cher et sacrificiel qu'il est optionnel-, à savoir l'édification d'un système de défense stratégique complet et opérationnel
1_ Aucun pays ne peut prétendre à la domination économique mondiale, tant le peloton de tête à venir est resserré : Commonwealth, Jernland et Gandhari. Tous trois, puis essentiellement les deux derniers (le Commonwealth étant en phase de déclin relatif), s'apprêtent à éclipser tous les autres pour se disputer la première place en terme de Produit Intérieur Brut.
2_ Aucun pays ne peut prétendre à l'avant-garde technologique à cet instant t, mais l'avenir s'annonce prometteur ici pour le Jernland qui cumule les prises de distance avec tous ses pseudo-concurrents. L'Aiglantine, le Karmalistan, le Commonwealth et le Kars, les quatre seules autres puissances technologiques majeures à venir, ne pourront prétendre ici qu'au statut de dauphin. Cette observation est toutefois conditionnelle : elle n'est valide qu'à moyen voire long terme. Pour l'heure, il convient d'insister sur la nature large et égalitaire de la distribution des savoir-faire dans le Monde, en concluant qu'elle ne laisse s'échapper aucun relief observable décisif.
3_ Aucun pays ne peut prétendre à la suprématie militaire. Cela dit le Karmalistan, derrière l'inévitable déclin valdaque, peut compter sur une force de frappe aéro-terrestre sans égal dans le Monde, qui, associée à son expérience de guerre, ses efforts politiques, techniques et financiers en matière de défense stratégique et une indomptable topographie, pourrait le rendre à terme, quasi-invulnérable (sanctuarisation). Le Jernland et surtout le Kars, autres grandes puissances militaires et spatiales, qui prétendent à tort, le talonner, se sentent obligés de joindre leur force pour appréhender cette « potentielle menace » qui semble graviter -quoiqu'à distance- du Pacte de Cewell. Heureusement pour eux, le Karmalistan est relativement seul, en situation de permanente instabilité, et n'a aucune force de projection. Le Wakoku, sensé avoir la deuxième armée, mais lui-aussi isolé à l'autre bout du monde, face à l'OCC, et en situation de banqueroute permanente, ne pourra rivaliser ici à l'avenir, avec les trois Etats précédemment cités. Le Wakoku est toutefois bien plus stable que le Karmalistan, et sa force de frappe combinée terrestre+aéronavale ne connaît aucun adversaire sérieux sur l'ensemble du gigantesque pourtour néchinésien, cela malgré une armée terre kaiyuanaise et une flotte chikkai respectables et en plein développement.
4_ L'hégémonie diplomatique est vivement contestée, bien qu'on y distingue trois pôles majeurs. Trois pays réputés pour leur stabilité et fiabilité, se démarquent toutefois : le Jernland, grâce à son attrait à la fois techno-économique et militaire, le Kars, gardien des Lieux trois fois Saints détenant le monopole énergétique (pétrole et gaz), mais aussi et surtout, le Kaiyuan, « plus grand » pays du Monde (hors-Tarnosia autarcique), seul leader incontesté de l'OCC, et le seul à jouir d'un véritable dédoublement de frontières (alliés/vassaux sur tout le pourtour de l'empire). Ces trois pays se rendent ainsi indispensables à une multitude d'Etats soucieux de trouver des partenaires de développement. Le Liang, le Chikkai et le Westrait peuvent être considérés comme de sérieux rivaux potentiels dans la course au softpower : leur diplomatie commerciale (le très sensible et stratégique uranium liangois), mais aussi culturelle (l'art chikkai et l'idéologie westréenne), les rendent incontournables sur la scène internationale.
Mais il convient d'admettre que seul le Kaiyuan peut prétendre maîtriser tous les éléments nécessaires à l'obtention du point 4 (forte influence diplomatique, alliance durable, fidèle, stable et solide, zone géographique de sécurité régionale autour du pays : Uhmali et Khelkadesh notamment).
5_ A peu de chose près, au sens strict, et hors Valdaquie en déclin, la plus redoutable des marines de guerre est flavienne. Mais la puissance aéronavale réelle (comptant l'irremplaçable aviation navale), balance entre deux pôles. D'abord le Wakoku, qui domine la Néchinésie grâce à sa flotte - la deuxième du Globe, et à ses îles servant de porte-avions insubmersibles, et derrière lequel se trouve la Ligue de Défense des Nations, étendu sur le pourtour céruléen, avec approvisionnement en pétrole garanti par le Kars, troisième puissance aéronavale du Monde. Ensuite, le potentiel et informel couple (mais non-concretisé) Ennis-Commonwealth, qui n'aurait -là encore, qu'hypothétiquement- aucun rival sérieux dans ce domaine, au nord de la Déchinésie et de la Dytolie, pas même le Jernland.
Quant aux pays qui s'aventurent à multiplier leurs bases militaires ou de surveillance radar à l'étranger, jusqu'aux ingérences extérieures, ils sont rares. En ne prenant que les plus remarquables, on en dénombre quatre : le Jernland, le Westrait, l'Ennis et le Kars, mais seuls les deux derniers sont des puissances navales majeures.
6_ Ici, sans aucun doute possible, nous n'avons que deux prétendants. Ceux-ci éclipsent tous les autres au point qu'on peut leur attribuer un véritable bloc géopolitique et/ou idéocratique respectif. Vous l'aurez compris : le Jernland et le Westrait.
Le second est à la tête du Pacte d'alliance géopolitique « anti-impérialiste » qui porte le nom de sa capitale, Cewell. Outre le Westrait, ses fondateurs sont l'Ölan et le Gandhari, tandis qu'il fut rejoint quelques mois plus tard par le Zufrana d'Adugna. Notons que les deux autres fondateurs sont les pays les plus proches du Karmalistan, tant sur le plan économique (échanges intenses et variés en voisins géographiques), culturel (islamité et peuples turco-/indo- iraniens) et idéologique (anti-impérialisme, approche socialiste et égalitaire en économie). Sans parler de la relation spéciale qui lie Karagol et Cewell depuis la Guerre d'Aminavie et la politique radicalement réformatrice de Mamta Shakhan. Néanmoins la présence du Zufrana, très anti-religieux et anti-musulman, bloque irrémédiablement tout processus de rapprochement « plein et entier » entre Karagol et le PdC.
Le premier, encore lui, est à la tête de la Ligue de Défense des Nations. Bien que toujours en chantier (non-encore formalisée, probablement de peur qu'elle ne débouche plus explicitement vers la dislocation définitive de la LIM), cette organisation est un agglomérat de mauvaise foi : prétenduement régionale (présence du Wakoku...), prétenduement défensive (multiplication des bases militaires karso-jernlanders à l'étranger...), prétenduement « raisonnable, pondérée » et sans rapport avec la « croisade anti-rouge » (fondation de la LDN par des régimes conservateurs du Nord-Algarbe, précisément à la suite d'accusations ou de crainte de subversion gandharo-westréenne sur ce continent, des élections makengaises remportées par la gauche de Komaoré à la victoire des marxistes durant la guerre civile zufranaise...), la LDN joue avec les secrets de polichinelle comme un acteur de théâtre. Contrairement à ce qu'elle prétend, sa défense des valeurs traditionnelles est subordonnée à son désir de combattre à n'importe quel prix la subversion westréenne, en particulier en Algarbe, d'où la présence active des États arabo-berbères de Khalouat, Byrsa et Al-Aqsa.
Le célèbre et respecté journal westréen communiste The Masses a résumé la situation en ces termes :
Ce sera Røros comme centre de la réaction mondiale, contre Cewell comme centre de la révolution mondiale. Les dieux de la guerre contre la Terreur Rouge. La communauté de sang contre les hordes touraniennes.
7_ Aucun pays ne possède l'arme nucléaire, pas même le Commonwealth qui est encore très loin de maîtriser pleinement le processus de centrifugation uranifère-isotopique.
8_ Le seul pays qui semble s'être lancé -sérieusement et dans tous les domaines nécessaires (hors-projection)- dans la course à la défense stratégique, est le Karmalistan. Là encore, secret de polichinelle, nous savons que ses stratèges, scientifiques, ingénieurs et techniciens, travaillent sans relâche pour la mise au point d'un système multi-niveaux de défense stratégique : surveillance radar, missiles antiaériens, antimissiles, abris multifonctions, protection passive NRBC et défense civile. Si la « Tartarie islamique » traîne déjà une réputation, pas toujours méliorative, de « nation souterraine », elle est toutefois encore loin du compte et les sacrifices consentis pour de tels travaux ne font que commencer.
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Conclusion
1- Jernland =
6, et partiellement le 1, le 2 et le 4 (seul au facteur 2)
2- Westrait =
6, et partiellement le 4
3- Kaiyuan =
4
4- Karmalistan =
partiellement le 3 et le 8 (seul dans ces deux facteurs)
5- Kars =
partiellement le 4 et le 5
6- Ennis+Commonwealth =
partiellement le 1 et le 5
8- Wakoku =
partiellement le 5
8- Gandhari =
partiellement le 1
8- Chikkai =
partiellement le 4
8- Liang =
partiellement le 4
Sans surprise, LE pays qu'on retrouve quasiment partout n'est autre que le Jernland, qui arrive en tête de ce classement plus crédible. Cependant, il n'a aucun monopole sérieux, n'est parfois que deuxième ou troisième, et même quant il arrive en haut du podium, il doit faire face, toujours, à de sérieuses concurrences. Et contrairement au Kaiyuan (seul à dominer pleinement le facteur 4), le Jernland partage son « facteur fort » (le 6) avec le Westrait.
En cela, il va sans dire que sans même parler d'hyperpuissance - totalement invraisemblable, même à long terme, il n'existe aujourd'hui, et nous en sommes encore très, très loin, aucune superpuissance.
[Parenthèse HRP pour élément de comparaison :
1- le Pelabssa et la Rostovie kiroviste (URKR) de 2009 à 2019 = 1, 2, 4, 5, 6, 7 pour le premier, 2, 3, 4, 5, 6, 7 pour le second, soit 6 facteurs sur 8 chacun.
2- la Rostovie de la Main Noire (URKUR) de 1919 à 2023 = 1, 2, 3, 5, 6, 7, 8 et partiellement- le 4, soit 7 facteurs et demi sur 8.
3- le Raksasa de 2024 à 2030 = 1, 2, 4 et partiellement le 3 et 5, soit (3+(2x0,5)=) 4 facteurs sur 8 (la Rostovie n'ayant alors plus que les facteurs 2, 7 et 8)
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